Mi-cuit au chocolat et croisière en mers du sud
Mi-temps annualisé.
Ca sonne à la fois sucré et gourmand comme un mi-cuit au chocolat, et creux métalique comme du novlangue administratif. On pige direct que ça doit cacher une combine alléchante, mais on se fait répéter plusieurs fois la tournure avant de comprendre l'ampleur du kiffe.
Mi-temps annualisé, ça fait penser à un cantal entre-deux : c'est pas trop fort, on perd pas pied. Mais quand meme ça met l'eau à la bouche.
Mi-temps annualisé, c'est une jolie formule de l'éducation nationale qui cache une petite perle, un joyaux, presque un cadeau tellement c'est bon.
C'est une façon politiquement correct pour dire : j'aime bien enseigner, mais quelques semaines par an en fait ça me suffit.
Merci, de rien, au revoir messieurs dames (spéciale dédicace à ceux qui reconnaitrons les illustres auteurs de cette formule).
Alors voilà. J'adore enseigner. C'est pas un scoop. Je surkiffe mon taf.
Mais bon. En fait, quelques semaines par an, je crois que ça me suffit.
En tout cas c'est ce que j'ai tenté cette année.
Je me suis fait coller une étiquette "travail à temps partiel en mi-temps annualisé", et j'ai demandé à être en poste la deuxième partie de l'année scolaire.
L'idée c'est de travailler à mi-temps, mais au lieu de le faire uniformément en mode moelleux au chocolat, on se la joue mi-cuit, croquant dehors, fondant à l'intérieur : la moitié de l'année est complèment travaillée, et l'autre complètement (mais alors complètement, profondément, passionnément) en vacances. C'est très très bon. Miam. Je pense que je vais en redemander pour l'année prochaine.
Donc je ne suis (théoriquement) pas rentrée dans ma classe depuis début juillet. Je n'ai (presque) pas vu mes élèves depuis l'année scolaire dernière. Je n'ai (vraiment) pas fait de rentrée des classes en septembre. Ce qui ne m'était pas arrivé depuis 26 ans.
Youpi !
C'est l'occasion pour le Petit Navire de voguer en solitaire sur des eaux bien plus chaudes et accueillantes que ce dont il a eu l'habitude. Les chats sauvages sont restés à quai, on leur enverra une carte ! Ismaëlle a troqué chemisier et escarpins pour une belle paire de tongs tressées en paille fraichement achetées directement chez le producteur : le Petit Navire a mis le cap sur le soleil et la douceur de vivre, et s'apprête à faire une parenthèse dans son journal de bord pour publier ses carnets d'été.
(Bon pour vous c'est encore l'hiver, mais hihihihihi... c'est bien ça qui est jubilatoire.)
Cela dit, le soleil, les plats exotiques exquis, les paysages paradisiaques, le temps qu'on ne compte pas et qui s'arrête à n'en plus finir...non ça ne fait pas tout. La béatitude perpétuelle n'est pas assurée : un voyage ça remue, ça chamboulle, ça fait claquer les voiles et tanguer les ventres.
On va essayer de la faire en mode mazurak chamalow : se laisser chalouper, sans avoir le mal de mer. Ni le mal du pays.
Allez, on embarque !
NB : comme j'ai mon jet lag à rattrapper, je vais me coucher. Comment j'ai succombée à des amours coupables pour Superman et sa faussette au menton après avoir regardé 4 films dans l'avion, comment j'ai appris à traverser la rue à Bangkok et comment j'étais en extase kawai devant un cerf volant dans un parc (mais c'était sur un fond trop beau de coucher de soleil, c'est pour ça!), c'est pour le prochain épisode !