Pirate chez les tradi, coeurcoeurs et cul dans l'herbe.

Publié le par Ismaëlle

Youhou !!

Fini le périph, j'ai eu le sésame pour l'échappée belle : je suis nommée en Corrèze.

Il y a de l'herbe dans la cour, des arbres centenaires, un carré de potager. Des enfants qui m'offrent des coeucoeurs fluos à afficher derrière mon bureau.

Je leur lis le Feuilleton d'Hermès le cul dans l'herbe (un classique d'instit Freinet ou apparenté). C'est le bonheur.

Malgré un retour surprenant dans le monde du « tradi », après quatre années chez les pirates de l’éducation nationale. Pour les non-initiés, « tradi » n'est pas à entendre avec la douce connotation de la baguette qui croustille des dimanches matin calinours, mais comme le cinglant du « TRAAADIIII » : le pire du pire de l’école publique, du point de vue des pirates. Lorsqu'on évoque le « tradi » entre instit « alternatifs », c'est comme lorsque mes anciens élèves de la porte de Clignancourt évoquaient le « sheitan ». C'est mal. En mode polaroid : une classe avec des tables bien espacées, bien alignées au tableau, sans coin lecture, avec une maîtresse qui balance en frontal leçons/exercices/évaluations plus vite que son ombre, prête à dégainer son stylo rouge. Le comble : faire des choses « interdites », du type donner des pensums à copier, supprimer la totalité de la récré, ou pire (houhouuuu!!!!), donner des devoirs écrits à la maison. Oui toutes ces choses sont bel et bien interdites. En tant qu'instit « alternatif », je pense que c'est une très bonne chose et j'ai bien aiguisé mes arguments après plusieurs années dans le monde parallèle à naviguer fièrement sous le pavillon « Pédagogie de la coopération » avec mon équipe de corsaires de la Porte de Clignancourt.

Maintenant je sors de mon île et je me retrouve dans une équipe de « tradi ». Elles sont plutôt sympas, plutôt marrantes. On a toutes passé le concours plus ou moins en même temps. On a un projet rando/balade ensemble, qui démarre la semaine prochaine. Elles sont relativement curieuses de ma façon de faire, trouvent chouette la façon dont j'ai arrangé ma classe.

Mais je marche sur des œufs. Elles voient bien que j’ai du mal à trouver ma place dans leurs conversations de récré :

- Mme X : Damien, il est facile à avoir, il suffit d'aller jusqu'aux pleurs.

- Mme Y : Oui mais les pleurs viennent facilement avec lui, c'est ça qui est bien.

- Ismaëlle : … ^^

Pour le moment, je garde le cap de ma classe et je profite de mon petit bonheur tout frais l’herbe à la bouche, à brouter goulûment la fraîcheur retrouvée d’enseigner au grand air. J’ai mis «mes filtres», comme dirait Françoise Dolto. Je ne vois pas, je ne parle pas, je n’entends pas, ce qui se passe à l’extérieur des quatre murs de ma classe. Et dedans, je profite du bonheur de construire ce petit monde classe, en faisant l’expérience inédite d’une équipe de mousses assoiffés de connaissances, d’échanges et de découvertes. Les coeurscoeurs et les "maîtresse I love you", ça me change des :

- Ismaëlle : Il est où ton cahier d'exercices ?

- Camille : Dans ton cul, au fond à gauche, tu prends la porte de droite.

Finis les élèves qui se mettent des doigts le cul en classe, ceux qui se coupent les cheveux et me les déposent comme une relique dans les tiroirs de mon bureau, et ceux qui me lancent des gentillesses du type : "Et si elle te disait qu'elle suçait des bites et qu'elle léchait des chattes, tu la croirais?"

Cette année, je vais faire un beau voyage.

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A
Je vais te raconter une histoire que tu connais peut être déjà ma belle Ismaelle. Ou bien tu l’as peut être oublié mais elle illustre bien tes propos. C’est parti pour une vue de l’intérieur !!! Jeune fougueux sagittaire de 9 ans, je me réveille un beau matin avec une énorme verrue en plein milieu des deux yeux. Mais énorme a telle point que maman pris rendez-vous dans la seconde et on me l’enleva dans la semaine. Ainsi, je pu passer mon châtiment hebdomadaire de tirage de cheveux à l’ abri derrière mes pansements et autre bandage qui m’entouré le visage. L’ambitieuse stratégie d’un môme qui n’avait plus que ses larmes et la force de son esprit pour se défendre. Châtié et humilié à chaque faute d’orthographe. L’orthographe a avant tout symbolisé une lutte avec moi-même dès cette époque. Je considère qu’une verrue est une parfaite démonstration psychosomatique visible connue. J’ai d’abord élaboré un plan basé sur une diversion. Un classique en stratégie. Je créé un symptôme pas grave mais clairement visible par tous. Et ostentatoire qui plus est. Une espèce de Micro-pénis entre les deux yeux. Un gros « je t’enmerde » à mon professeur principale persécuteur de cm2, Monsieur Fort de Thiviers de Dordogne d’aquitaine du sud-ouest de la France. Salut à lui. Mais aussi une forme de castration à venir impliquant ma maman, plutôt des les conséquences indirectes de ses actes. Je n’ai pas l’habitude d’écrire et je m’essouffle vite. Je sais bien Ismaelle et j’ai toujours ressenti que l’exercice d’écrire était un art profond, plus que bénéfique et je t’avoue que j’ai toujours gribouillé des milliards de truc mais trop incompréhensible et personnelle. C’était dur à 9 ans déjà parce que je ne comprenais pas pourquoi la république m’agresser autant alors que j’avais l’impression d’être qu’amour et beauté et sincérité. Toujours Flingué mais jamais rassasié, trop vite déçu mais plus vite armé que d’autres bobos. Toujours curieux et toujours entouré de gens merveilleux. Et oui, tu le sais, je suis un privilégié mais tu sembles comprendre aussi que je cherche à m’impliquer d’avantage. Je t’embrasse mon amie.
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