Winter is coming, calins de grand-mère et clap clap asian sexy style

Publié le par Ismaëlle

Un peu trop orange peut-être... tirant vers le rose à certains endroits.

Mais aucune importance, c'était un si beau moment.

 

 Juste après deux jours de transition dans la petite ville portuaire de Ranong pour amortir le retour sur le continent, juste avant de prendre le bus de nuit vers Bangkok pour prendre la route du Nord.

Parce que finalement, la voix du départ a été plus forte. J'ai compris ça quand j'ai eu trois jours d'affilé dans la tête les violoncelles du générique de la série "Game of throne", sur fond de percus ambiance sabots de chevaux au grand galop. Quand se sont ajouté à ça des petits flash de "Winter is coming" et "The king in the nooooooorth", j'en ai conclu deux choses :

- on est plusieurs à l'intérieur, et à côté de l'instit spécialisée, de la lectrice de Spinoza et de la droguée de frites à la sauce samourai (en période de sevrage, actuellement sous traitement de substitution basé sur des prises régulières de crèpes croustillantes à la noix de coco et à la carotte, de boulettes de tofu frittes à la sauce piquante, et de stick rice à la papaye fraichement emmaillotés en feuille de banane - un traitement de choc ; à la hauteur de mon addiction pour ces fucking barquettes de french fries qui m'accompagnent au quotidien dans ma vie parisienne...), il y a aussi une geek qui habite la maison Ismaëlle,nqui peut passer 48 heures enfermée à regarder des séries medieval-fantasy (en mangeant des frittes bien entendu), et qui parle à toutes les autres à traver des messages subliminaux du type : je t'envoie des images de Winterfell et de chevaliers en peaux de bêtes galopant vers the Wall pour dire "Viens, on va voir le Nord de la Thaïlande! ".

- j'avais vraiment envie de voir le Nord de la Thaïlande.

 

 Alors j'ai quitté l'île paradisiaque, je suis montée dans le bus, et je me suis retrouvée à 5h du mat à Bangkok. Et en ce moment à Bangkok, à côté de la maison bleue, c'est party time 24h/24h : la place du "Monument de la Démocratie" est transformée en scène géante alternant discours politiques, groupes de rock thai façon asian sexy style -cheveux brushés, regards de manga et parterre de groupies hystériquement envoutées-, et de chanteurs engagés munis de l'indispensable guitare sèche de circonstance. Comme à la fête de l'huma !!! Et depuis mon dernier passage à Bangkok il y a trois semaines, les festivités ont grossi comme un gateau au four : maintenant tout le quartier est bouclés, le boulevard qui traverse la place du Monument de la Démocratie est couvert par des chapiteaux grands comme des stades de foot, les vendeurs de t-shirt, de sifflets, de clap-clap et de rubans aux couleurs de la Thailande se sont ajoutés aux marchands ambulants habituels pour former une gigantesque foire ouverte jour et nuit. Attirés par la nourriture gratuite distribuée par les partis politiques, par la musique, la fête, et par l'euphorie qui se dégage de ces moments d'engagement politique où on a l'impression que tout peut changer, les Thaï remplissent le quartier de leurs sourires, de leurs applaudissement, de leur enthousiasme et de leur espoir plein de gaité. Nombreux sont ceux qui dorment sur place, gonflés d'énergie par les stands de massages improvisés, les soupes, fried rice et autres glaces à la noix de coco qu'ils grignottent sans discontinuer, et la joie de rêver ensemble à un futur plus juste pour leur pays.

 

 Mais c'était pas si facile de quitter l'île, et quelques heures avant de monter dans le bus de nuit pour Bangkok, je sentais que le coucher de soleil n'allait pas suffir à me donner du baume au coeur. Alors je suis rentrée dans cette boutique.

Il y avait une femme qui tournait le dos à la rue, lisant son journal, assise les pieds sur un fauteuil. Elle ne m'avait pas entendu entrer. Le regard passioné, plongée dans les récits des manifestations à Bangkok, elle n'a remarqué ma présence timide que lorsque je me suis approchée d'elle, après avoir bien entendu retiré mes chaussures à l'entrée, pour prononcé mon troisième "Sa wa dee kâaaaaaa" (sur le ton de "mais euuuuh", en faisant durer autant qu'on veut le kâaaaaa...j'adore cette langue!).

Alors son sourire m'a tout de suite plu. Et elle parlait anglais, ce qui est très rare pour les commerçants. J'ai dit, répété, montré : "just a little bit !", on s'est mis d'accord sur le prix, et hop, c'était parti ! Pendant deux heures, je me suis faite chouchouter, dorlotter par Chom, et sa mère de 75 ans, chignon banc, sourire doux mais yeux malicieux, habillée d'un simple pagne fermement noué au dessus de la poitrine : la parfaite grand-mère. "Very dry, very dry !". Alors j'ai laissé faire... Finalement c'était le jeu, et je savais bien en entrant que j'allais m'en remettre à elles sans trop chercher à contrôler les choses. C'est si bon de se faire cajoler par des femmes. Surtout une grand-mère. C'est si réconfortant, de se dire que où que l'on soit, il y a toujours quelque part une mamie qui nous parle avec son regard riche des évènements passés et avec ses mains fortes des expériences de la vie.

Alors c'est sûr, le "little bit" n'était pas si little que ça et je ne m'attendais pas à cette avalanche de mousse gluante sur ma tête, mais je me suis laissée faire avec plaisir, regardant les mèches tomber par terre avec un petit sourire en coin, gardant mon calme en voyant dans le miroir la couleur de la patte appliquée sur mes cheveux virer au rouge pendant le temps de pause, et riant intérieurement en voyant mes cheveux gonfler au milieu du balai de brosses et de sèche-cheveux pendant le brushing. Elle avait mis toute son énergie : "You look like a movie star, like a movie star!".

 Je suis sortie en ayant l'impression d'être Claire Chazal, sans oser bouger la tête, mais je souriais grand de ce moment d'échange si doux avec ces deux femmes.

  Un peu trop orange peut-être, tirant vers le rose à certains endroits, et plus court que prévu. Mais au diable les cheveux longs et les hennés de hippie. Et vivent les coiffeuses engagées du petits salons de beauté du port de Ranong !

 

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
F
Ah, il nous manque une petite photo tout de même !!<br /> Toujours beaucoup de plaisir à lire cette prose imagée et le récit de ce beau voyage. Enjoy !
Répondre
I
<br /> <br /> Merci ! :-) des photos sur facebook si tu veux, tu me trouveras à Ismaelle Dubreuilh. <br /> <br /> <br /> <br />